Alors oui le titre est « putaclik » … Surtout que les outils ne sortiront qu’en fin de journée et qu’il n’y a rien de grave. Donc pour des infos croustillantes il faudra lire jusqu’à la fin … et en plus vous allez être déçus !
Bordel de piafs qui crient (les vrais ont la ref, les autres iront écouter la saga audio Naheulbeuk !). J’ai aussi le droit aux braiments de l’âne, les aboiements des chiens … Okay ils ont le droit de s’exprimer, j’aimerai juste qu’ils fassent ça à des horaires corrects ! Prochaine fois que j’en vois un ronquer en journée je claque un rupteur pour le réveiller : ça le dressera ! Vous l’avez compris, je n’ai pas passé une super nuit mais j’ai quand même compris une chose : mes nuits seront coupées en deux avec une première phase avant trois heures du matin et une autre après quatre ou cinq heures jusqu’à huit heures dans le meilleur des cas. Et c’est la première fois que j’ai eu vraiment chaud, c’est bon signe ça sent le sud !
Donc aujourd’hui, je pars de Saint-Remèze. Mais avant de partir il faut ranger le campement et j’avoue que je me suis un peu éparpillé. N’ayant rien à manger pour le petit déjeuner, je gagne du temps et arrive à décoller un peu avant dix heures.
La première chose c’est de se caler un truc dans le ventre, j’ai bien mangé la veille mais ça n’empêche pas d’avoir faim. Aujourd’hui est un jour férié et la première boulangerie à laquelle je m’arrête est fermée. Je verrai donc le ravitaillement plus tard, en veillant à ne pas tarder non plus. Un jour férié, il y a des chances pour que les commerces n’ouvrent que le matin (pour ceux qui ouvrent).
Sur le coup je ne suis pas super serin de repartir sur des traces tout terrain le ventre vide, fort heureusement le début de matinée sera uniquement composé de routes goudronnées. Et des bonnes qui tournent pour arrondir mon pneu arrière ! Je vise du côté de Chateauneuf-du-Rhône où j’ai repéré un super U pour le ravitaillement. A priori je vise mal parce que je l’avais déjà dépassé depuis un moment quand je m’en suis aperçu. J’ai pu trouver une petite boulangerie à Malataverne qui faisait des supers sandwiches et du bon pain. Malataverne, ce nom me ramène trente ans en arrière au collège où le vieux prof de français nous faisait lire ce roman de Bernard Clavel.
Comme il est presque onze heures, je décide de faire mon casse-croûte sur place. Au moins c’est fait et je n’aurai pas à m’arrêter encore une fois plus loin pour répondre à l’appel du ventre (que j’ai oublié de rentrer sur la photo #noFilter ). C’est marrant de voir comme la meule, chargée à mort et dotée de gros crampons, intrigue passants et automobilistes. Il y en a même un qui m’a demandé pour faire une photo d’Angie avec sa configuration de baroudeuse.
Il serait quand même temps de retrouver les chemins, non parce que sinon j’aurais monté des pneus routes et j’aurais limé du cale-pied dans cette superbe région. Mon souhait sera exaucé quelques kilomètres plus loin avec des pistes bien roulantes dans une magnifique végétation.
C’est idéal pour s’échauffer tranquillement, je rencontre peu de gens ce qui est bien pour mon côté ourson asocial. Ourson seulement parce que je prends le temps de discuter avec les gens si la situation s’y prête. Comme avec cette dame à côté de son vélo dans une montée. Intrigué, j’engage la conversation pour savoir si tout va bien et si elle a besoin d’aide. La dame est simplement entrain de commettre un génocide OKLM ! « Je suis tombé sur une psychopathe ! Vite fuyons ! » En réalité, le génocide en question concerne un groupe de chenilles processionnaires et elle m’explique que ces petites bestioles peuvent provoquer la mort de chiens qui s’en seraient approchés de trop près. Je la laisse donc à son massacre « utile » (je viens de regarder, cet animal a été classé comme nuisible à l’homme depuis le 27 avril 2022).
La petite grimpette se transforme de temps à autre en grimpette un peu plus « velue » mais sous couvert des arbres. Ça limite la chauffe du pilote et c’est vachement plus sympa à rouler !
C’est vraiment agréable je passe un super moment, je fais peu d’erreur de navigation mais j’en fais quand même. L’une d’entre elles a encore failli finir avec la moto au sol ! Et puis on fini par sortir de la forêt et changer complètement de végétation : fini le couvert des arbres bonjour la flore rase, ambiance garrigue ! Cela permet d’avoir une magnifique vue sur les environs, toujours avec les ventilateurs géants. La conduite est différente et clairement c’est très roulant, on soulève beaucoup de poussière. Je m’arrête près d’une zone militaire. (Je n’ai pas fait de photo de la grosse boule radar, je ne voulais pas d’ennuis !)
Cette zone concentre un peu tout ce que j’affectionne : pas un chat, le « désert » à perte de vue, de la piste roulante sur laquelle on peut se faire quelques dérives sans se faire peur. Le pied ! Par moment certains côtés me ramènent en Islande, le soleil et la température en plus. Je quitte ensuite le plateau aux éoliennes pour passer dans une section plus cassante sur laquelle j’ai pas mal fait le bourrin. Tant et si bien que je prendrais une pause pour contrôler le pneu avant. Toujours cette hantise de la crevaison ! Mais non j’ai sûrement dû talonner avec la fourche d’origine parce que comme dit le captain Cigalou :
A plus de deux barres tu vas pas pincer la chambre à air sur l’avant !
J’ai beau le savoir je ne peux pas m’empêcher d’y craindre ! En même temps sans même une bombe anti crevaison je vois mal ce que je pourrais y faire.
On fait le bilan calmement en s’remémorant chaque instant … Et voir le chemin parcouru comme si on avait 50 ans.
Pour la petite anecdote, après m’être rassuré concernant l’état de mon pneu avant, j’entrepris d’assouvir un besoin que chacun qualifierait de naturel. Dans la mesure où je n’avais croisé personne depuis des kilomètres dans un endroit assez désertique, je n’allais pas chercher midi à quatorze heures et j’entrepris de me soulager à proximité immédiate. Bien sûr c’est pile à ce moment qu’une bagnole pleine de randonneurs choisi d’arriver en voulant se garer pile dans l’entrée du chemin où Angie est posée et où je me soulage… Les gens se sont arrêtés et attendaient en me regardant : instant gènance à son paroxysme.
Chacun reprend sa route et j’attaque une section très sympathique avec de la bonne caillasse et de la descente pour continuer de travaille la technique. Oui parce qu’inconsciemment je me suis aperçu que j’avais fait des journées à thème depuis le début de mon escapade.
- Première journée : se remettre en jambe en tout terrain. Je n’en fais pas beaucoup donc reprendre des sensations avec la meule chargée dans les chemins.
- Deuxième journée : j’ai plus de deux rapports sur la moto. Maxime (la veille) m’a fait comprendre de part le rythme qu’il m’a imposé, que j’avais plus de deux vitesses sur la GS et que même en trois, la mémère tracte tout à fait parfaitement. Ça permet de hausser le rythme ainsi que de diminuer la conso. Et pour ne rien gâter : la moto est moins nerveuse donc plus facile à placer.
- Troisième journée : se décontracter au niveau des mains et des bras. Vu que j’ai fait pas mal de sections un peu engagées, de descentes pleines de marches, j’étais bien trop crispé sur mon guidon ce qui m’a déclenché des douleurs sur le long terme.
- Quatrième journée : dans la suite de la veille, je pense à gainer plus le tronc et utiliser beaucoup plus les jambes pour soulager mon pouce droit.
Voilà vous savez tout !
Ce chemin est franchement sympa même s’il me brasse un peu sur la moto. Faut avouer que même si elle fait parti des trails pas trop lourds, elle pèse quand même dans les 207 kg hors bagages : c’est pas rien à tenir. Au terme d’une bien belle descente, j’arriverai sur un groupe de jeunes enduristes relativement incrédules de voir un tank pareil sortir d’un chemin qu’ils connaissent bien. On en profite pour discuter quelques minutes, ils confirment que chez eux aussi leur pratique est en péril avec les gens qui s’approprient les chemins en construisant des portails au fur et à mesure pour fermer le passage. Et bien sûr les autres usagers qui ne sont pas vraiment dans le partage. C’est triste.
Je reprends mes chemins jusque dans la Drôme avec une alternance de petites routes et de chemins. En passant près du rocher des demoiselles (un site d’escalade) sur la commune de Teyssières, j’attaque une magnifique section tout terrain qui me permet de voir de magnifiques paysages complètements isolés. C’est excellent : tu es dans une bonne montée technique juste ce qu’il faut et au détour d’un virage, tu es au sommet avec une vue magnifique sur des vallées qui apparaissent comme désertes !
Mais qui dit paysages vallonnés dit belles montées et descentes. De ce point de vue je dois avouer que j’ai été grandement gâté ! C’est engagé juste ce qu’il faut pour un pilote solo débutant comme moi : tout à fait ce que j’espérais trouver dans la partie sud du tracé. Je suis aux anges !
Alors que j’étais dans une petite portion tout à fait sympathique, la carte et le tracé GPS me posent problème : un embranchement en Y avec le tracé qui passe par le chemin du dessous mais celui que j’emprunte actuellement passe au dessus … Je me décide à suivre le GPS eeeeeeet paf! Alors que je m’engage sur le chemin en contrebas, la roue avant se prend dans une gouttière métallique posée au sol, braque le guidon violemment et m’envoie rouler bouler par dessus la moto. Heureusement le casque n’a pas tapé et je ne me suis absolument pas fait mal (sauf à l’égo, comme toujours sur une chute à la c***). Une fois la moto relevée, un engin de chantier passe et me dit que le chemin que je veux emprunter est privé ! Dommage j’aurais su ça avant… Bilan rapide des dégâts de la moto : apparemment je n’ai qu’un longue portée à resserrer, il n’y a rien de cassé ou tordu. Je refixe mon feu additionnel, repars et … ha ben la seconde ne veut pas passer. Le sélecteur est vraiment tordu ça doit jouer, j’improvise donc un atelier mécanique sur le bord du chemin.
Tout en délicatesse ! On fera mieux ce soir au camping mais pour l’instant cela suffira. Ma peur était de passer le point mort dans un passage délicat au lieu de la seconde ou de la première. En général le résultat est un moteur qui prend des tours dans le vide, la moto qui perd son élan et Matthieu qui fini par terre …
Plus loin, je verrai mes premiers champs de lavande. Il est encore un peu tôt dans la saison pour avoir l’odeur caractéristique de la lavande dans le casque mais j’aime toujours autant regarder ces longues lignes parfaitement espacées zébrant les champs.
Non ce n’est pas le plus beau ni même le plus en avance en terme de pousse mais c’est le premier que je trouve sur mon trajet. La suite consiste en un magnifique enchainement de chemins techniques au milieu des champs de lavandes avec des paysages de dingo !
Heureusement que j’avais pris le temps de réparer le sélecteur de vitesse plus tôt parce que certains passages superbes (mais assez techniques) n’auraient pas souffert d’approximation sur le passage des rapports.
Non je n’ai pas descendu cette pente mais j’ai eu quelques montées qui n’étaient pas loin de ce niveau là. M’obligeant même à repasser la première vu la pente et le caractère accidenté du chemin. Pas de chute : c’est une petite victoire pour moi et c’est comme ça qu’on progresse : petites victoires après petites victoires!
Tous ces chemins finissent par me mener sur le col d’Aulan après une toute petite liaison routière. J’en profite pour faire le point : je commence à accuser une certaine fatigue, le voyant de réserve n’est pas encore allumé mais l’autonomie annoncée par l’ordinateur de bord ne me satisfait pas alors que la trace s’engage sur une nouvelle portion tout terrain. On est lundi de Pâques (donc férié) et je ne sais pas où planter la tente. Un rapide coup d’œil sur maps me permet de voir que la prochaine station ouverte n’est pas à côté et ferme bientôt. Priorité au carburant je configure le gps pour tirer sur Séderon à seulement treize kilomètres du col … Sauf que je ne pars pas du bon côté ! On passe donc sur un trajet de vingt trois kilomètres. Je sens que je suis fatigué à ma réaction : je prends direct des tours, je m’énerve et dans ces cas là il vaut mieux que je sois seul. Je descends les superbes gorges d’Aulan comme une balle (je vous ai dit que j’étais idiot dans ces conditions ?) autant à cause de mon énervement suite à mon erreur que du fait que la station va fermer très prochainement et que je n’ai du coup pas trop de temps à perdre en détours.
C’est en passant sous le magnifique château de Montbrun les Bains que je commence à me détendre. De toute façon, la station sera fermée avant que j’arrive mais il y a un camping qui est noté comme ouvert dans le même village. Je poursuis donc. Toujours à bon rythme non plus parce que j’ai pris un coup de sang mais parce que la route est terrible ! Le col de Macuègne me permet de prendre mon pied avant d’arriver sur Séderon.
L’animation que je constate en traversant le village me faire pressentir que ce soir il va falloir fouiller dans les réserves au fond du sac de selle. Je trouve le camping sans trop de soucis mais les gérants m’expliquent qu’ils sont en travaux et les sanitaires sont fermés. Donc pour les emplacements tente ce n’est pas l’idéal. Devant ma mine, fatiguée de ma journée et désabusé par les campings fermés, la dame me dit qu’ils vont m’ouvrir un bungalow pour que j’ai accès à des toilettes et une douche ! Je ne lui aurai pas roulé une pelle mais j’étais à deux doigts de la prendre dans mes bras ! Ils seront tellement sympas qu’ils me prêteront des outils pour réparer mon sélecteur. Toujours avec délicatesse !
Malheureusement, la gérante me confirmera que tout est fermé en ville donc impossible de faire un resto ou des courses. Elle s’inquiètera sincèrement de me voir jeûner ce soir mais je la rassurerai sur ce point. Il me reste une bière, du saucisson, du pain et un plat lyophilisé que j’avais gardé justement pour ce genre de cas. Du coup je me cale face au soleil et je profite :
Par contre le soleil passe d’un coup derrière la montagne en face de moi et la chute de température qui accompagne ce couché de soleil express ne fait pas vraiment rire. C’est le retour du bonnet et de la doudoune. Je ne me couche pas tard histoire de décoller rapidement demain après avoir fait le plein de victuailles !
Aujourd’hui j’aurais roulé environ 174 km dont une vingtaine hors TET pour rejoindre le camping. Il y a pas eu pas mal de liaisons routières ce qui permet d’augmenter le rythme.
A la base j’avais prévu de partir quatre jours sur le TET en comptant le retour à la maison avec une option pour un jour supplémentaire si besoin. Je suis en vacances cette semaine donc je peux me le permettre. Mais finalement je me suis mis en tête de continuer sur le trans euro trails pour remonter le plus possible vers chez moi. Ma seule obligation étant une journée découverte rallye routier donnée par des copains en Suisse, j’ai donc toute latitude pour continuer à me faire plaisir.
C’est beau ! Merci pour le partage !