Cette nuit il a fait vraiment froid, probablement un peu en dessous de zéro. Pas d’inquiétude : j’avais pris le duvet zéro degré que j’avais pour l’Islande, une sous couche en plus et le tour était joué. Mais j’ai quand même très mal dormi ! Il faut croire que J’ai perdu l’habitude de dormir en tente et en duvet (les hivernales ne comptent pas car on se met en condition pour dormir ). En sortant de la tente, j’ai franchement la gueule « mâchée » par le manque de sommeil ! Ça promet pour le reste de la journée.
Je profite d’être le premier réveillé sur le camping (il est sept heures et demi), pour faire un tour de mon campement ainsi que du camping qui est dans la brume matinale.
L’occasion d’en apprendre un peu plus sur les températures de cette nuit :
Oui oui c’est bien du gel qui recouvre la selle. J’ai bien fait de prévoir du matos pour le froid même si je me dirige vers le sud. Bonnet, bon duvet, doudoune … j’ai même prévu la couverture de survie pour m’isoler du sol et le sac à viande en soie. Avoir trop froid la nuit ou sur le campement, est selon moi la pire des choses qui peut m’arriver.
Après une bonne douche et un solide petit déjeuné à base d’infusion et de pain de seigle sec, j’ai repris des couleurs et me suis réchauffé !
L’infusion, la seule chose qui te réchauffe vraiment de l’intérieur. J’en boirai bien trois quarts de litre ! Vient ensuite « l’épineuse » question du règlement de ma nuit. Une dame du camping me dit que, de tête, ils ont augmenté les prix cette année et que ça doit faire 18 euros la nuit … Impassible je la remercie de cette information alors qu’intérieurement, ma partie auvergnate fait une syncope ! En regardant un peu mieux de mon côté je vois qu’il s’agit du forfait deux personnes, tout seul cela fait « seulement » 13 euros ce qui est plus raisonnable pour un camping « trois étoiles ».
Note : pour ceux qui comme moi ont perdu l’habitude des campings ou ne l’ont jamais eu, faites attention aux tarifs. Tout au long de mon périple les gens ont essayé de me faire payer plus que nécessaire. Forfait deux personnes (« mais ça fait presque le même prix », 30% de moins chez moi c’est pas presque), l’électricité (j’ai même pas de prise de courant) etc etc … Soyez vigilants.
Une fois la dîme réglée, je me mets en devoir de tout nettoyer, replier … Et c’est la catastrophe ! Il n’y a pas de soucis tout rentre mais je prends un temps infini avant d’être en mesure de partir. Il est pas loin de onze heures quand je quitte le camping. La journée de roulage devrait être courte à ce rythme, mais bon je m’en fous : c’est les vacances !!
Je reviens là où Maxime et moi nous étions séparés la veille pour reprendre la trace officielle. Je repense à ce qu’il m’avait la veille:
Tu vas voir c’est bien sympa après. Il y a des pierres mais vu comme t’as roulé ça va passer tranquille.
Ça on verra mais en tout cas les premiers chemins finissent de me réveiller s’il en était besoin. Petites grimpettes tranquilles sous le couvert d’une jolie forêt, c’est très agréable.
J’attaque quelques bonnes montées avec de plus en plus de cailloux. Pas des rochers non plus mais un tapis de pierres grosses comme un petit poing qui font bouger la moto et absorbent une partie de la puissance transmise par la roue arrière. Je me fais la réflexion que j’ai bien fait de m’arrêter hier parce qu’avec la fatigue, tout seul, j’aurais facilement fini par me mettre par terre et peut-être même me faire mal.
Immanquablement, on fini par sortir de la forêt. Les liaisons routières entre les chemins sont assez courtes, c’est appréciable car cela permet de ne pas trop se refroidir. Vu le soleil et les températures (environ quinze degrés), je suis parti en mode estival ce matin donc les liaisons courtes me permettent de rester au chaud dans mon équipement. Et puis les liaisons c’est aussi l’opportunité de voir des choses rares ou insolites comme cette borne en béton Michelin. (Oui je suis chauvin et alors ?)
Les liaisons permettent aussi de changer plus franchement de sous bois. Toute à l’heure le terrain était assez caillouteux et le sous bois sombre. Ici il y a plus de lumière, plus de feuillus et de flaques de boue. C’est varié et agréable.
Par la suite, je suis passé par de très beaux chemins assez roulants en « plaine », certains virant même au « single », passant derrière des maisons. J’essaie d’éviter les erreurs de navigation aussi pour éviter de passer dans les cours des fermes. Je ne suis pas là pour me prendre des remarques ou un coup de chevrotine.
Par moment on peut apercevoir des murs en pierres assez sympas et qui me font penser que je me rapproche de l’Ardèche. C’est probablement faux, l’Ardèche étant encore un peu loin mais ce n’est pas grave c’est ce que je ressens en tout cas.
Alors que je continuais tranquillement mes pérégrinations, alternants montées, descentes, chemins roulants, tout en laissant mon esprit vagabonder et se libérer de tout ce qui m’a conduit à entreprendre ce weekend sur le TET, je me retrouve face à une descente « qu’elle fait pas rire ». Béquille, reconnaissance de la trace à pied et surtout validation de l’emplacement : ça m’embêterait fortement de devoir remonter le passage juste parce que je ne suis pas sur le bon chemin !
Les pierres sont assez grosses, il y a des bonnes marches, des racines et pas mal de pente. Tout ce qu’il faut pour se mettre bien avec ma grosse Bertha ! Je constate qu’il y a des traces de passage à moto à côté du chemin… Comme je suis un peu idiot et fier (l’un empêche pas l’autre) je décide de prendre par la caillasse !
Je vais casser le mythe direct : je ne suis pas descendu comme une fleur, loin de là. Mais je suis descendu sans tomber, en m’appliquant et sans passer sur un chemin parallèle ! … N’empêche que je n’avais pas froid en sortant de ce secteur.
Mais ce n’était pas fini ! Le temps de me remettre des mes émotions grâce à une courte section roulante, je me retrouve toujours en descente sur une sorte de voie romaine ! Ce n’en est probablement une mais c’est comme ça que je l’ai nommée dans ma tête. Ça brasse pas mal et une portion très humide m’oblige à être prudent. Il n’y a rien de tel que la pierre mouillée pour provoquer une magnifique chute en descente alors que l’essentiel du poids est sur la roue avant.
Ça y est c’est passé on peut souffler ! Ha ben non en fait : à peine sortie de ma « voie romaine » que je me retrouve sur une autre portion en descente pleine de cailloux. Ces derniers sont moins gros … mais eux ne sont pas fixes et roulent sous les roues ! Fort heureusement, il est possible de zigzaguer d’un bord à l’autre du chemin pour éviter les sections les plus aléatoires en terme de facilité de passage !
Là c’était ma première réflexion où je me disais :
« Bordel mais ils aiment la caillasse dans le pays ! »
Et je n’étais même pas encore arrivé en Ardèche !! Fort heureusement pour moi la suite sera quand même plus cool avec des chemins plus roulants et larges. Je me suis même autorisé quelques pointes de vitesse (le mot est presque exagéré quand on me connait) afin de faire une dédicace en vidéo à Jimmy, un copain qui a fait ses premiers tours de roue en tout terrain deux ans plus tôt.
C’est lors d’une pause point carte/barre de céréale que je me rends compte que … Ben je me traine. Depuis mon départ tardif ce matin, je n’ai en effet pas parcouru beaucoup de distance. Heureusement ce sont les vacances et je me dis que j’aviserai plus tard sur le coin où je m’arrêterai ce soir. Je vois tout de même que je ne suis pas loin de Tence, une valeur sûre pour refaire le plein et faire quelques provisions pour ce soir.
Mais si la trace était majoritairement roulante il y avait quand même quelques surprises avant d’atteindre là ville, comme cette magnifique flaque !
Je te vois venir cher lecteur en quête de sensationnel, de « toujours plus » ! Tu te dis que je me suis tanké comme ça m’est déjà arrivé par le passé ( voir cette vidéo ). Et bien non ! Cela dit je ne suis pas passé dedans non plus, j’ai préféré faire du gymkhana entre les sapins juste en bordure de la boutasse. Oui je suis faible … mais je ne suis pas venu ici pour souffrir OKAY ?!
Bref je fini par arriver à Tence, faire le plein au milieu de tous les motards en sportive et routière qui me regardaient comme un extraterrestre. J’en profite pour racheter de quoi manger le soir, des choses simples : saucisson, bière, chips. Ainsi que mon repas de midi que je « déguste » directement sur place. Et j’ai même mangé la salade ! Question d’équilibre.
Toujours en mode « Bastards » (les vrais reconnaitrons) voir en mode « clochard céleste » pour d’autres, j’admets tout de même le petit côté « luxe » de la chaise de camping. Après tout : « C’est les vacances ! » (Il faut que je le répète combien de fois pour que ça rentre ?!)
Une fois ce magnifique (… ahem) repas ingurgité, je reprends ma route pour une après midi assez folle. Il y avait un peu de tout : du chemin superbe avec la petite touffe d’herbe au milieu, du chemin qui tire carrément sur le bourbier, de grandes étendues limites sauvages (laissez moi rêver c’est le seul truc qui reste gratuit) !
Cette magnifique section débouchera sur une route en hauteur surplombant une jolie petite vallée. La route est agréable, viroleuse à souhait et non piègeuse. Le paradis même avec tout le poids sur l’arrière et les pneus à crampons.
Toujours plus fort : la suite repart en forêt et sera juste dantesque. Des montées un peu improbables au vu de mon maigre niveau, mais c’est passé. Comme ils disent chez Vie de Motard : j’y suis allé au gros cœur ! Comprendre avec zéro style/technique mais avec du courage ! Malheureusement j’étais tellement bien sur la moto et dans ces chemins que je ne me suis pas arrêté pour faire de photos avant qu’un incident ne m’y oblige !
Rien de bien méchant (non je ne suis toujours pas tombé), il s’agit juste de ma table de camping qui a décidé d’aller voir si ça secouait moins ailleurs ! En plein épingle dans une belle montée, j’ai trouvé l’action quelque peu indélicate : elle aurait pu attendre que je sois en haut. Heureusement j’avais prévu le coup en arrimant les bagages, la table ne pouvait pas complètement tomber de la moto dans la mesure ou une des fixations passait dans une boucle. Mais la table est passée entre la roue et le garde boue pour le coup.
Comme je le disais : point de chute, donc Angie et moi repartons sur cette superbe portion. Et au fur et à mesure des chemins, je vois que je débouche sur un lieu étrangement familier après avoir dépassé quelques éoliennes … Mais c’est bien sûr (Marty), il s’agit de l’étang des Barthes où eu lieu l’hivernale de la Burle un mois et demi plus tôt ! Décidément en suivant le GPS, je n’avais aucune idée d’où je pouvais me situer de façon générale.
La suite est aussi une surprise, je reconnais toutes les traces sur un bon bout de chemin : ce sont les traces que le captain Cigalou nous a fait prendre pour nous rendre à l’hivernale. Tout y était, mais en sens inverse : le viaduc de la Recoumène, le tunnel où certains se sont faits asperger, la montée (descente du coup) avec les cailloux qui roulent sous les roues, le fossé qu’Olivier a visité suite à une béquille traitresse … Tout y est comme dans mes souvenirs !
Le chemin débouche aux abords du lieu dit « Soubrey », c’est là que je décide de faire le point pour le plan de ce soir. En gros il est plus de 17h30, alors que je m’étais fixé comme règle de m’arrêter vers 16h, Langogne et le camping près de la retenue d’eau de Naussac étaient encore à une quarantaine de minutes même par la route et je suis franchement fatigué.
La décision est prise en toute unanimité avec moi-même de tirer sur le lac d’Issarlès par la départementale, beaucoup plus proche, que je connais déjà. Pour couronner le tout, la route est top avec de magnifiques virages histoire limer un peu la bande de peur des tétines. Le camping n’est pas trois étoiles mais il est plutôt pas mal. Je me pose à côté d’un cyclotouriste avec qui je discuterai un peu. Le mec est parti de Montélimar il y a trois jours : respect !
Viiiite une bonne douche après avoir installé le campement. Car mine de rien même si j’ai choisi l’emplacement en fonction du vent, ce dernier est quand même fortement présent et assez froid pour tout dire. Je me prépare une nuit agité encore. Heureusement une douche bien chaude est tout ce qu’il faut pour se remettre d’une journée assez intense. Ça et un apéro dinatoire !
L’avantage d’avoir du vent c’est qu’on peut se permettre une lessive sous la douche histoire de rincer un peu le t-shirt de la sueur de la journée. Tout à le temps de sécher pendant le repas et la balade pour profiter des couleurs du lac en contrebas. Admirez le très classique tancarville à la sauce motarde.
Aujourd’hui j’ai roulé environ 7h30 pour un parcours d’environ 155 km au total (dont 140 sur la trace du TET). J’ai fait quelques rencontres dont une communauté de célibataires chrétien(ne)s de Paris … Oui oui ça ne s’invente pas. J’ai aussi redécouvert Angie : elle a beaucoup plus de capacités que ce que je ne m’imaginais, probablement influencé par mes propres limitations dans cette discipline qu’est le tout terrain. Je la kiffe de plus en plus ! Par contre je ne sais pas si j’arriverai à finir le trip avec le pneu arrière qui était déjà usé avant de partir. On verra : tant que ça roule, roulons sans se poser de question.
Je suis vraiment rincé et c’est pourquoi je prends la décision de ne plus écrire les comptes rendus de la journée directement pendant le voyage. Hier j’ai vécu cela comme une corvée d’écrire le texte dans le froid, le vent. Je vais profiter un peu plus de l’instant, prendre quelques notes rapides en même temps que je sauvegarde les photos et écrire les articles après le voyage. De toute façon je suis dans le duvet à 21h30 en moyenne ça laisse peu de temps pour tout faire.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. J’espère que vous aimez ce que vous lisez. En attendant la suite, je vous laisse avec le lac d’Issarlès.
Chouette aventure !! Mais on ne t accompagnera pas dans des aventures comme ça 😉😉
Mais siiiiii ça passe en roadster. 🙂
Très bien raconté……bravo Matth …je m’y voyais !!
Merci pour ton commentaire. C’est le but de raconter sans chichi pour que les gens qui me lisent partagent un tant soi peu cette aventure avec moi.