Aujourd’hui j’ai besoin de rouler. Mais le temps est pas terrible non plus du coup je commence à cogiter quelques délires machiavéliques ! Mwuhahahaha ouais enfin rien de méchant. Je décide qu’aujourd’hui c’est la bonne journée pour tester mes Mitas E-09 en condition de tout-terrain bien boueux ! Pis tant qu’on y était se faire un petit pique-nique (colchique dans les prés toussa toussa).
Au réveil déjà il y a une petite surprise : la météo annonçait plutôt du beau temps et pour finir on pouvait classifier le ciel en « nuageux apocalyptique » ! Si si je rigole pas, une fine pluie mêlée de sable s’abat tranquillement sur la maison alors que le ciel prend des teintes rougeoyantes et ce n’est pas le soleil qui fait cela (d’ailleurs je ne l’ai pas vu de la journée celui-là !)
Ci-dessus une photo prise par un copain (JEJ) en montagne, garantie sans retouche comme il dit. C’est le sirocco qui serait à l’origine de cette couleur en charriant du sable en même temps que de l’air chaud depuis l’Afrique.
De mon côté, je fini de me préparer et je m’arrête vite fait prendre deux trois courses pour le midi avant d’entamer une journée à la con comme on les aime. Histoire de me chauffer je commence par emprunter un chemin qui passe dans un pré : l’herbe ne sert qu’à recouvrir les centimètres de boue qu’il y a en dessous, c’est un festivale de travers mais je me rassure en me disant que ça vient de ma pression de pneu un peu élevée (2.15/2.20).
Équipé comme je suis au niveau des pneus, je me dis que je peux tenter un de mes anciens échecs … Mais en baissant la pression histoire d’avoir de l’adhérence (1.65/1.8). Et puis je vais sonder le terrain aussi, ça serait con de rester tanké dans une flaque … c’est pas que ça me serait déjà arrivé mais bon. (Lien youtube). Résultat de la reconnaissance : « Bon en serrant bien à droite et en enlevant le top-case histoire d’alléger l’arrière : ça devrait le faire ! ». Alors que je me prépare mentalement (au prochain échec ), j’entends un groupe d’enduristes qui vient dans ma direction.
– Tu vas vraiment essayer avec cette moto ?
– Ben j’en ai pas d’autre dans mon topcase hein ?
L’ouvreur m’explique qu’il y a toute une série de bourbiers et que la chance que j’ai c’est que ce soit sur le plat, mais j’ai intérêt à viser les côtés. C’est cool je peux voir par où ils attaquent le premier et ça valide mon analyse du terrain.
Et ça passe !! Un peu en vrac, beaucoup en travers mais l’important c’est le résultat ! Après avoir remis mon topcase je m’attaque à la suite. Plus facile, j’arrive à les enchaîner avec une certaine confiance jusqu’au moment où …
Celui-là, je ne sais pas pourquoi mais il n’est pas inspirant : arrêt, évaluation, sondage du terrain. Tel le trappeur du grand Nord, je piste, je hume la trace empruntée par les enduristes avant moi. Ma moto est bien trop lourde et moins agile pour que je puisse suivre leur trajectoire. Et l’arbre sur la photo ci-dessus empêche de pouvoir contourner l’obstacle par le chemin de gauche. (J’ai pas pris l’option trial sur mon trail).
Voilà la trace qu’ils ont suivi pour passer, mais pour ma part la moto ne passera jamais la petite marche boueuse et très glissante au niveau de la tête de la deuxième flèche. Et puis je suis allé sonder … comment dire : si on ripe dans la rase, c’est « game over » !
Ouaip : y a un peu de fond ! Jusqu’à mon genou ! Et en plus la boue est bien visqueuse vu que j’ai failli y laisser une botte. Je tiens à féliciter Sidi pour l’efficacité de leur bottes en matière étanchéité et Moto Axxe Genève pour leurs excellents conseils ! Bref je suis bon pour refaire le trajet en sens inverse : rien de bien compliqué je suis déjà passe une fois dans l’autre sens !
Ouais … ça passait c’était beau! Sauf que c’est pas passé. Vous voyez cette petite branche de merde à droite ? Le machin tout moussu qui demande qu’à se briser au premier choc. Et bien elle ne s’est pas brisée et m’a fait basculer au pire moment : équilibre précaire et je n’avais pas pied du côté droit (une rigole). Je relève la moto, et fini par sortir de cette galère non sans une petite suée ! Il est l’heure d’un petit thé chaud tout en regardant les cartes pour voir quelles options s’offrent à moi.
Si c’est pas malheureux … une moto que je venait à peine de laver !
Enfin bon on ne va pas s’arrêter pour un peu de boue hein ? Je range le matos et repars pour un chemin qui ne s’annonce pas beaucoup mieux mais qui est en descente ! Donc au pire en bourrinant un peu ça doit passer !
Heureusement que je connais un peu parce que sinon je ne suis pas sûr que je m’engagerai avec la pente et la boue qui empêcheraient tout retour en arrière !
Bref tout se passe bien, je suis secoué dans tous les sens, c’est le pied ! J’ai quand même une petite pensée pour mon pneu avant en pression assez basse : je n’ai rien pour réparer et franchement vu comme les pneus sont raides ça serait la pire des choses à m’arriver ! Enfin presque …
Bordel mais c’est quoi cette forêt ?? C’est mal entretenu y a des arbres partout ha ha ! C’est peut-être pour un concours de limbo motorisé va savoir ? En tout cas, je présente Angie devant le tronc et … comme prévu ça ne passe pas. Ce serait franchement trop simple non ? Du coup obligé de passer la moto penchée, sauf que le guidon est large, la bulle haute et les rétroviseurs ont des tiges acier (donc inflexibles). Le résultat ne s’est pas fait attendre bien longtemps :
Pauvre Angie … Elle prend un peu cher pour son baptême. Du coup je réitère la même mécanique que d’habitude : allègement de la moto (top-case), ventilation du pilote (on tombe la veste, le casque et on desserre le gilet de protection), et enfin on bénit l’inventeur des crash-barres ! Oui parce que vu le peu de hauteur à disposition pour franchir le tronc et le poids de la mémère, ça a un peu gratté dans le processus ! Mais on fini toujours par y arriver, l’important c’est de toujours rester zen !
La fin de la descente est encore assez longue en temps car elle se transforme en pierrier assez léger mais avec quelques bonnes pavasses au milieu. Donc prudence !
Une fois sorti du chemin, c’est l’heure de regarder un peu la carte. Oui parce que j’aime bien partir à l’arrache sans vraiment savoir ce que je vais faire. C’est toujours plus drôle comme ça ! Je repère une jolie petite piste, enfin j’imagine qu’elle est jolie et surtout ne semble pas présenter un gros dénivelé sur la carte.
Alors là, je n’ai pas tout bien compris ce qu’il s’est passé … Comme pour le tout premier chemin, l’herbe est assez traîtresse et ne sert qu’à masquer l’épaisseur de boue qui provoque une sensation de surf permanente. Ça roulait tranquilou bilou, tout d’un coup l’avant se dérobe et la moto se met en travers. Le soucis avec la position dans laquelle elle est tombée, c’est que c’est un peu comme si les roues étaient vers le haut. Mon point d’appui pour la relever est bas et en plus, les pieds ne cessent de glisser dans la petite pente. Je crois que je n’ai jamais mis aussi longtemps pour redresser une meule, pas loin de dix minutes. Pour le coup le « Keep calm and have a beer » n’a pas vraiment été appliqué. Mais bon pas de bobo, je parfais juste le kit camouflage d’Angie.
L’équipage reprend son petit bonhomme de chemin mais tout va de mal en pis. Impossible de garder la moto droite : je suis en travers tout du long !
C’est plus Tokyo Drift » c’est « Yaute Drift »
Pis je retrouve mes copains les bourbiers avec lesquels il faut un peu analyser la chose pour éviter de se planter royalement. Genre là, on peut voir que ça passe à droite. Mais que si tu glisses non content de mettre dans une rase bien profonde, tu as toutes les chances de te manger la buche qui traîne en plein milieu.
Ça devient de plus en plus dur physiquement car il faut vraiment se battre avec la moto et j’ai pas une condition de sportif de haut niveau (hélas le levé de coude n’est pas reconnu comme discipline olympique). Je fini donc par me rendre compte qu’il fait un peu faim vu qu’il est quasiment une heure de l’après-midi et je me trouve un charmant petit endroit pour faire un pique-nique.
Ce midi : C’est raviolis ! Et chaudes en plus ! Ça fait plaisir de ressortir le matos d’Islande et de constater qu’il fonctionne toujours aussi bien (j’avais quand même vérifié avant), même la cartouche de gaz est d’époque ! Comme l’idée est aussi de se faire plaisir, j’ai pris de l’emmental râpé et du pain frais bien croustillant (Petit coucou à mes anglais qui aimeraient bien en avoir autant ).
A taaaaable ! C’est prêt et le « chef » valide ! Je sais, j’ai la super classe avec le top bonnet version tête gland mais au moins j’ai pas froid ha ha. Pendant le repas, un cycliste s’arrête pour me demander si tout allait bien et j’en profite pour lui demander comment est la suite. Il me fait peur !
C’est pas mal gras avec de la pierre. Mais le problème c’est qu’il faudra passer un bon raidillon très gras après le ru plus bas. En trial ça passe mais je pense pas avec une moto aussi lourde !
Mais c’est qu’il va réussir à me faire peur cet asticot ! Je le remercie et termine mon repas. Petite vaisselle des instruments de cuisine, c’est cool d’ailleurs j’ai eu les doigts qui sentaient les raviolis toute l’après-midi ! Et je m’installe tranquillement une thé bouillant à la main pour étudier la suite des hostilités. Je constate que les courbes de niveau ne sont pas si rapprochées que ça et c’est à ce moment qu’un randonneur passe et répond à la même question que précédemment (toujours prendre un second avis) :
Nooon mais je ne me rappelle pas qu’il y ait de pente aussi raide que ça. Je suis passé en VTT il y a quelques années sans difficulté mais ça a peut-être changé.
Me v’la bien avec ces deux avis contradictoires. Suite à une petite randonnée de reconnaissance et l’évaluation d’un chemin parallèle comme issue de secours pour un demi tour, je décide de me lancer … mais pas trop vite je digère.
Franchement ? J’ai bien fait d’y aller. Il n’y avait rien de compliqué, j’ai pu tout enchaîner sans vraiment de difficultés et fini par déboucher sur du bitume. Ça m’a presque fait bizarre de ne plus être dans une dérive permanente!
Re-check de la carte et j’avise un long chemin qui semble prometteur en fonction de la surface qu’il y aura en vrai. Et le moins qu’on puisse dire c’est que je n’ai pas été déçu : le chemin est très sympathique, et beaucoup moins boueux que ses prédécesseurs. Le tout bordé de magnifiques arbre et d’un fossé qu’il ne vaut mieux pas visiter.
Enfin ça c’était au début car après … après ça a commencé à « partir en live » ! J’ai raté un embranchement pour finir à l’entrée d’un pré … et j’aime pas aller labourer le pré d’un agriculteur. Donc je longe le pré en descendant une belle pente en « boue-planing » ! Je ne contrôle plus rien ha ha ! Si jamais je dois remonter tout ça autant dire que j’y passe l’après-midi et que le champs fini labouré ! Déjà que sans rouler je laisse une trace beaucoup trop visible à mon goût…
Ça me peine d’avoir abimé le pré malgré les précautions. Je pense que c’est malheureusement ce genre de choses qui donne une mauvaise image de la pratique de cette activité. Par contre pour moi c’est pas mal (sic) car j’ai évité un truc qui ressemblait à l’armageddon!
C’était Bagdad le bordel, et mon détour involontaire m’a permis de l’éviter. Mais ce n’est pas fini car …
La suite va vous étonner !!
Ou pas. Mais la formulation pute-à-click me fait toujours rire. Je fais une petite reco rapide : la suite s’annonce tout de même corsée ! Belle descente, pierrier (toujours sans sabot), de l’eau et du gras entre les pierres! Que du bonheur quoi : BANZAIIIII !!
Pfiou ça m’a quand même fait transpirer pour les carters cette affaire. Pas facile de se mettre debout sur les cale-pieds car ça bougeait énormément avec pas mal de rebonds dans la pente mais que c’était bon !
La suite du chemin est bien moins caillouteuse mais avec plus d’ornières bien grasses : c’est ça qu’est bon le jeune !
Un dernier instant carte une fois sorti du chemin histoire de se finir sur une belle note. Je repère un chemin qui bien qu’assez court traverse plein fer les courbes de niveaux. De façon assez modérée tout de même, j’ai quelques heures de vol dans la journée il ne s’agit pas de se mettre dans le dur sur le final !
A l’entrée de mon chemin, j’arrête un SSV qui descend de ma destination et lui pose la question traditionnelle :
– Bonjour c’est comment la suite du chemin ?
– C’est pentu, mais ça passe pas en haut il y a une congère !
– Loin ?
– Ben au sommet quoi …
Et comme tout bon motard qui se respecte quand on nous dit de ne pas y aller il faut qu’on aille voir ! C’est vrai ça, on ne sait jamais ! La pente est la plus raide de la journée mais le grip est vraiment bon, pas de soucis de ce côté là. Effectivement il y a comme un truc au milieu de la piste ! On voit clairement les traces où le SSV a fait machine arrière. Après une rapide reco je décide que ça doit passer. On ne va pas se laisser embêter par un peu de neige ! J’ai testé : les pneus font le taff (ICI) alors GOOoooo !
Encore une victoire de Canard ! Bon je fais le barbo mais heureusement que sur le côté droit il n’y avait pas trop de neige (entre 5 et 15 cm suivant les endroits) sinon j’aurais été bon pour galérer une bonne dizaine de minutes pour ressortir. Maintenant il est l’heure de rentrer et de penser au lavage qui m’attend à la maison !
Au final, la balade aurait duré un peu plus de six heures de galères, de joies, d’expériences et expérimentations diverses et variées, et pour couronner le tout j’ai fait le sport de l’année (Dead lift poweeeer !).